Sortons la tête du sable et posons-nous la question : Quel étrange animal pond les lois dans notre charmante république?
Aristote et Montesquieu ont défini l’État politique en trois fonctions distinctes: le délibératif (ou législatif), l’exécutif et le judiciaire.
Les députés sont membres du corps législatif. Ils sont donc en principe chargés de préparer et de voter les lois que l’exécutif appliquera et que le judiciaire fera respecter.
Donc, selon la formule consacrée – mais ceci n’est que théorique – ce sont les députés qui font les lois.
Malheureusement…
En réalité, dans le système oligarchique actuel, c’est le gouvernement qui détient l’essentiel du pouvoir législatif.
La majorité des lois adoptées par le parlement et le sénat sont élaborées dans l’ombre des cabinets ministériels par des technocrates non élus. Ce sont eux qui se chargent d’inventer taxes et parataxes et de les faire ensuite voter par les députés dont la plupart, nous l’avons vu, ne sont que de simples godillots, des courroies de transmission qui ne se donnent même pas la peine de voter eux-mêmes, le système étant suffisamment vicié pour que des lois soient votées avec un nombre ridiculement bas de « députés » présents dans l’hémicycle.
Mais qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse! Cela n’aura échappé à personne, ces gens, technocrates non élus comme députés élus, sont dotés d’une imagination de grippe-sous qui défie tant l’imagination que les estimations les plus optimistes.
De la lutte contre le réchauffement climatique aux péages multiples et variés en passant par des taxes plus diverses et imaginatives les unes que les autres, toute la palette des activités humaines est passée au crible afin de ponctionner avec méticulosité les citoyens assujettis à la monarchie républicaine.
À ce niveau, ce n’est plus d’hommes politiques dont il convient de parler mais bel et bien de « politaxeurs ». Tout doit y passer, à tel point que le gouverné est considéré, non comme un citoyen, un individu ou un être humain, mais comme une entité fiscale.
Le complexe politico-administratif, cette alliance perverse du politicien et du haut fonctionnaire, est devenu une bastille imprenable, car autrement mieux gardée que celle qui est tombée en l’espace de quelques heures un certain 14 juillet 1789.
Toujours nommés, jamais élus, les hauts fonctionnaires règnent sans partage sur la destinée commune.
Nous voyons les ministres, les députés, mais nous ne voyons pas ceux qui préparent les lois et calculent les taxes avec une ruse que le plus futé des renards leur envierait. Ils ourdissent leurs plans en toute discrétion, aux ordres, certes, du pouvoir politique élu, mais avec une marge de manœuvre et une absence totale de contrôle de la part des gouvernés, ce qui ne manque tout de même pas de poser quelques problèmes…
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