StickyLe piège des ligues de vertuSymptômes : La nouvelle féodalité

Des députés aux dépités ou la foire aux dès pipés

Observons nos « députés » qui sont supposés nous représenter et étudions comment nous les élisons.

Au cours de chaque scrutin, l’électeur a l’illusion de faire un choix.

Rien n’est plus faux, car, en réalité, c’est un parti qui désigne des candidats pour le représenter lui, et non pas ceux qui vont l’élire.

Peu importe le parti dont il a obtenu l’investiture, les faits sont là: les députés sont les représentants du parti politique auquel ils sont inféodés, en aucun cas ils ne sont les représentants des gouvernés qui leur ont accordé leur suffrage.

Observons l’actualité politique: que doit faire un député pour être investi lors du prochain scrutin? Il doit obéir à la ligne qui lui est imposée. Et cette ligne n’est pas celle de l’électeur mais bien celle de sa formation politique. Les débordements à la règle sont rarement admis et souvent lourdement sanctionnés. L’oligarchie appelle cela la « discipline républicaine ». En clair: « tu fais ce qu’on te dit de faire, sinon tu perdras l’investiture pour le prochain scrutin! » Il y a bien sûr des députés qui, par leur originalité et leur talent, savent se démarquer de la ligne du parti auquel ils appartiennent, mais ils sont rares. Du reste, cette particularité n’en fait pas pour autant les justes représentants de leurs mandants. Leur originalité tient davantage à leur personnalité et à leurs prises de position originales qu’au désir de représenter des électeurs auxquels ils ne demandent jamais leur avis. Quant aux autres, la grande majorité, les observateurs du monde politique ont trouvé le mot qui convient pour les désigner. On les appelle des députés godillots, sortes de mannequins décérébrés qui votent ce qu’on leur dit de voter et dont l’utilité paraît discutable, même aux partisans les plus acharnés de ce système incohérent que nous subissons avec une affligeante résignation.

Les conséquences d’un tel dysfonctionnement conduisent à des incongruités dont le citoyen reste aussi médusé que désabusé. Au lieu de législateurs de l’ordre civil, l’assemblée donne le spectacle d’oligarchies politiques se faisant une opposition systématique sur tous les projets de loi. La chambre de députés évoque davantage une guerre de clans qu’une réunion d’hommes véritablement politiques, le mot pris au sens noble du terme.

En plus, cerise sur le gâteau, les députés, on l’oublie trop souvent, sont des fonctionnaires puisque, en tant qu’élus, ils sont rétribués par l’État.

Où est le citoyen dans ce fatras?

Où se situent la volonté et les aspirations populaires?

On cherche, on cherchera longtemps mais on ne trouvera jamais car, il faudra bien en prendre conscience un jour: la solution ne réside pas dans la prise du pouvoir et le remplacement d’une équipe par une autre, aussi vertueuse soit-elle.

La solution est ailleurs.

Constat : La représentation politique est marquée du sceau de la féodalité. Le représentant du gouverné est en fait celui du parti auquel il est inféodé et le pays est dirigé par un roi élu qui détient plus de pouvoir que n’en avaient les monarques de droit divin…

Des sectes guident nos pas…

Je vous propose un flash-back pour que, à la lumière du passé, nous comprenions mieux les soucis du présent.

La loi électorale qui a découlé de la Révolution a dissocié le corps social en autant d’atomes individuels n’ayant aucun lien entre eux, « comme des grains de sable », écrivit Napoléon.

Cette grande illusion révolutionnaire, qui fait encore tant rêver, causa plus de ravages qu’elle ne sut réformer. On a cru que la Révolution voulait créer une société égalitaire. Sa grande œuvre fut, à l’époque, de plafonner les inégalités au niveau supérieur du tiers état. Les accapareurs des biens nationaux ont immédiatement compris la leçon.

Toutes les constitutions, toutes les lois électorales que nous avons connues depuis ont reproduit la même erreur.

Le point de départ est dû en majeure partie à l’idéologie de l’abbé Sieyès qui traça de manière abstraite une division exclusivement politique de la France en départements. Il y introduisit de force des conseils de 36 membres, des directoires de 5 membres, des districts et des communes, en totale contradiction avec une ancienne souveraineté populaire dont nous parlerons plus loin et qui ne souhaitait pas un tel morcellement administratif.

À peine l’unité gouvernementale de la France était-elle réalisée au début de la Révolution que l’unité sociale de son peuple se trouvait brisée par la mise en place d’un système représentatif essentiellement politique. Ce fait est demeuré inchangé de nos jours.

La société n’a pour trait d’union que des sectes, des partis et des classes économiques totalement dissociées du corps électoral. Le seul ciment que le système gouvernemental ait pu trouver pour donner un semblant d’unité à la nation vient de la Constitution de 1958 qui, en rétablissant la monarchie sous la forme d’une république présidentielle, a concentré sur les épaules d’un seul homme l’unité nationale mais de manière purement symbolique et artificielle car il est lui-même – et par nécessité élective – l’homme d’un parti.

La simple préparation des lois par des moyens harmonieux est devenue impossible. Nous n’avons plus pour repères que du sentimentalisme électoral dans lequel chacun déchaîne ses passions. L’État politique est dirigé par des fonctionnaires et le conflit entre gouvernants et gouvernés est devenu une sorte de mouvement perpétuel qui, malheureusement, n’est pas surnuméraire.

Une quantité impressionnante de partis – petits et grands – égrènent l’unité nationale en autant de groupuscules mus par des intérêts particuliers ou des idéologies divergentes.

Ce système, qui consiste à disloquer l’unité nationale en autant de groupes d’intérêt et de pression est sectaire dans son principe même. Et le plus drôle est de constater que les représentants de nos sectes nationales, réunis au sein du parlement, ont le culot de constituer des groupes pour étudier, stigmatiser, dénoncer et réprimer les dérives… sectaires dont se rendent coupables certains assujettis. On croit rêver!

À cette division de l’unité nationale en courants antagonistes, il faut ajouter la conséquence inévitable que cela entraîne pour le citoyen. Si les partis sont dans le carcan du sectarisme, l’électorat, pour sa part, se trouve confronté à la dérive passionnelle. Et cela frise souvent l’irrationnel de haut vol.

Les antagonismes idéologiques incitent à l’intolérance la plus élémentaire en opposant gens de droite à gens de gauche dans un jeu destructeur pour la communauté, tant au niveau personnel, familial que national.

Si nous ajoutons à cela les prises de position en faveur de tel ou tel leader, parfois adulé tel une star footballistique au mépris du plus élémentaire bon sens, on mesure l’étendue des dégâts!

En fait, tout semble fait pour que le tempérament politique de l’individu prenne le pas sur sa faculté de raisonnement et l’objectivité de son jugement. Tel électeur de gauche votera à gauche parce que c’est la gauche et que c’est comme ça et pas autrement. Symétriquement, un électeur de droite se refusera à se salir en votant à gauche. Les programmes, les promesses non tenues, les scandales à répétition n’ont aucune prise là-dedans, si ce n’est pour un court moment d’exaspération, le temps que la fièvre retombe et que le tempérament naturel, telle une rivière en crue, retrouve son lit et son écoulement naturel.

En fait, la passion, l’exacerbation du tempérament politique inhérente au système actuel présente toutes les caractéristiques d’un trouble inné et quasi génétique, ayant pour symptôme une sorte de handicap mental qui brouille les cerveaux les plus brillants. On est – ou on naît, au choix – de droite ou de gauche, comme on naît droitier ou gaucher. Mais tout cela est une affaire essentiellement passionnelle. N’a-t-on pas vu, au cours d’élections où le choix était cornélien, des électeurs de gauche aller voter pour un candidat de droite en se bouchant le nez pour barrer la route à un concurrent d’extrême droite? La démarche est bien sûr louable puisqu’ils avaient le sentiment de défendre un principe plus sacré que leur propre personne. Mais elle montre aussi l’inanité d’un système obsolète où l’électeur en est réduit à voter délibérément « contre » pour éviter ce qu’il considère comme le pire sans avoir d’autre choix possible que ce recours à ce qui s’avère être un acte d’une profonde désespérance…

Comment une société saine peut-elle se satisfaire d’un système non représentatif et aussi vide de dynamique et d’espoir?

Jeu de massacre…

Ajoutons à cela le jeu de massacre qui est la règle au sein de chaque parti.

Les politologues, ces astrologues de la politique, l’expliqueront mieux que moi et avec des exemples édifiants: Le but de tout homme politique ambitieux étant d’accéder au trône, il est contraint, durant toute sa carrière, d’éliminer la concurrence et de s’entourer de gens plus incompétents et moins charismatiques que lui. Cela conduit à des situations cocasses où, une fois le but atteint, il est devenu difficile au monarque de s’entourer d’alliés compétents, son propre camp étant devenu un vaste désert dans lequel la haine que leur prodiguent les survivants n’a d’égal que leur rancœur.

Les rivalités entre ces gens que l’on qualifie, pour une raison qui m’échappe, « d’élite » font les choux gras des hebdomadaires, de la presse à scandale et du monde de l’édition. Je doute toutefois que les acteurs d’un tel foutoir puissent résoudre les problèmes majeurs qui se posent à l’humanité.

CONSTAT

Les partis politiques sont des fragments de l’unité nationale. Ce sont des sectes – dans le sens littéral du terme – qui sont appelées à diriger le pays. Leurs dérives coûtent très cher à la Nation.
Les gouvernés se trouvent gangrenés par le fléau passionnel qu’engendrent ces divisions au point de perdre, trop souvent, toute cohérence dans leurs jugements.

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Jean-Michel Grandsire

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